La Châtaigneraie compte son lot d’enfants qui se sont illustrés dans divers domaines, avec des renommées dépassant parfois le cadre national. Voici un petit inventaire des célébrités locales !

Georges Pompidou ©Arch. dép. du Cantal, 1 FI 392

Terre occitane s’il en est, la Châtaigneraie a vu naître l’un des plus fameux troubadours, Pierre de Rougier ou Peire Rogier. Rougier s’appelle aujourd’hui Rouziers, et on ne trouve plus une seule des pierres du château qui appartenait à sa famille. Rouziers ne conserve la mémoire de Pierre que par le biais de ses vers, qui comptent parmi les plus beaux de la langue d’oc de la seconde moitié du XIIe siècle.

Le Mamétois Jean Labellie (1920-2021) a mis à l’honneur sa terre natale dans les années 1960, lors desquelles il se mit à délaisser l’art figuratif au profit de grandes monochromies aussi vertes que les pâturages de la Châtaigneraie. C’est pourtant dans l’Art Sacré que l’artiste acquit une renommée internationale à partir de la décennie suivante. Son exil dans le Roussillon lui fit élargir sa palette de couleurs, que l’on découvre aujourd’hui dans les églises du Rouget et de Cayrols. Les vitraux qui illuminent leurs nefs respectives illustrent la plénitude artistique de leur auteur.

Contemporain du précédent, André Puech (1923-2014), surnommé le peintre paysan, ne s’est jamais totalement éloigné d’un naturalisme puisant son inspiration dans les paysages qui l’entouraient. Ceux de Paris, où il peaufina sa technique trois ans durant sa jeunesse, et surtout ceux de Lacapelle-del-Fraisse où il grandit et s’occupa de la ferme familiale toute sa carrière durant. C’est à l’heure où la retraite sonna qu’il put commencer à s’adonner pleinement à sa passion, et c’est une œuvre largement néo-impressionniste qu’il nous à léguée.

Lui n’a pas eu le loisir de s’attacher à sa terre natale, et pour cause : Jacques Faizant (1918-2006) a quitté Laroquebrou et le Cantal, où sa mère s’était réfugiée à la fin de guerre, à l’âge de…  onze jours ! Le célèbre dessinateur de presse, ardent gaulliste et conservateur patenté, a toutefois sa vie durant gardé des liens avec la commune qui l’a vu naître, particulièrement par le biais de l’Amicale des enfants du canton de Laroquebrou à Paris.

C’est par un autre biais qu’Antonin Malroux a conservé des liens forts avec le Cantal, quand bien même sa carrière professionnelle l’en a souvent éloigné : celui du roman de terroir, dont il est l’un des plus éminents représentants français. Parmi ses œuvres, Le Soleil de Monédière, La Noisetière, Le Moulin des rêves, Les Chemins de la communale, pour ne citer que les titres primés de l’auteur né à Boisset en 1942.

Le Rouget pers, vitrail vue intérieure

L’homme dont la rue principale de St-Mamet porte le nom n’est pas né dans la commune, mais il y est mort. Ce n’est toutefois pas dans le Cantal que l’Aurillacois Arsène Lacarrière-Latour (1778-1837) a laissé une trace importante, mais de l’autre côté de l’Atlantique. Cet ingénieur du génie mit son talent au service des Américains il y a plus de deux siècles, alors que ceux-ci combattaient pour leur indépendance. La capitale de la Louisiane, Baton Rouge, lui doit son plan, et La Nouvelle-Orléans, une partie des bâtiments anciens de son fameux Quartier français.

Mais le plus illustre des Castanhaïres de nos jours n’est-il pas le paléontologue Marcellin Boule (1861-1942) ? Il faut dire que Montsalvy est fier de son plus célèbre enfant, dont un résumé des recherches est rassemblé en un cabinet de curiosités permanent au Point Information de l’Office de Tourisme. Celui qui fut l’analyste de l’Homme de La Chapelle-aux-Saints, le premier Néandertalien étudié en France, fut aussi le premier directeur de l’Institut de paléontologie humaine après avoir longtemps occupé la chaire de paléontologie au Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris.

cabinet de curiosités marcellin boule 1 par sev 20-11-19

Sainte-Flore, reconnaissable à la fleur qui orne son vêtement, est née à Maurs en 1309. À quatorze ans, elle fut admise à l’Hôpital-Beaulieu à Issendolus, possession de l’ordre de St-Jean de Jérusalem. Ses vertus et son humilité profonde la rendirent le modèle des autres moniales. Elle fut dotée de faveurs extraordinaires, en particulier d’extases lorsqu’elle recevait la sainte communion. Elle opéra aussi des miracles pendant sa vie et après sa mort, survenue en 1347.

Julien Molénat (1882-1963) fut le curé de la paroisse de Roannes-St-Mary. Convaincu que l’organisation et la survie de l’agriculture passaient par le mutualisme, il créa et participa dès le début du XIXe siècle, à de nombreuses organisations mutualistes communales et régionales : Syndicat Agricole, Caisse Locale d’Assurance Mutuelle Incendie, Caisse Régionale du Crédit Agricole, …

Nul Cantalien n’ignore que l’ancien Président de la République Georges Pompidou (1911-1974), dont le département célèbre le cinquantenaire de la disparition cette année, a vu le jour à Montboudif, aux abords du Cézallier. Mais on sait moins que sa famille paternelle est originaire de la Châtaigneraie, de St-Julien-de-Toursac précisément. D’ailleurs, Jean Pompidou (vers 1717-1767), plus lointain ancêtre agnatique de Georges Pompidou, vivait à Boisset au milieu du XVIIIe siècle.

Connaissez-vous Jacques Maziol (1918-1990) ? C’est dans le petit cimetière adossé à l’église de Mourjou qu’il repose. Membre du Rassemblement du Peuple Français (RPF) dès 1947, il fut élu député (UNR) de Haute-Garonne en 1958 et 1962. Vice-président de ce groupe à l’Assemblée Nationale, il fut également le Ministre de la Construction du Général de Gaulle entre 1962 et 1966. Enfin, il fini sa carrière en qualité de directeur général de Radio Monte-Carlo de 1966 à 1973.

Né à Pers en 1856, Pierre Trémoulière, propriétaire négociant, fut conseiller municipal de la commune d’Omps puis maire en 1904 jusqu’à sa mort en 1937. Député du Cantal de 1924 à 1928, il interviendra à la Chambre sur les questions financières et sur les moyens de dégager des ressources publiques. Fondateur de plusieurs sociétés de secours mutuels, il fut titulaire de la Médaille d’or de la mutualité et Chevalier de la Légion d’honneur.

Jacques Delors, né en 1925 à Paris. Ce fut un homme politique français. Sa mère Jeanne Rigal, bien que née également à Paris, est originaire d’Arnac au nord de la Châtaigneraie Cantalienne. Licencié des Sciences Economiques, il sera nommé Ministre de l’Économie, des Finances et du Budget de 1981 à 1984 et accèdera à la présidence de la Commission Européenne de 1985 à 1994. Ancien maire de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine), il est le père de Martine Aubry, née Delors.

Encore plus méconnu, mais encore plus surprenant, Sa Majesté la reine d‘Espagne elle-même a du sang castanhaïre dans les veines ! Letizia Ortiz Rocasolano, née en 1972, compte en effet parmi ses aïeux un Marcolésien du nom de Pantaléon Roquesoulane. L’homme fut l’un des nombreux Cantaliens qui choisirent l’Espagne pour gagner leur vie au XVIIIe siècle, souvent provisoirement. Lui demeura par-delà les Pyrénées, et c’est ainsi que sa royale descendante porte aujourd’hui son nom hispanisé.

Jean-Joseph Brieude était médecin, agronome et géographe français (né en 1729 à Laroquebrou et mort en 1812 à Paris). Il fut notamment le médecin particulier de Madame la Duchesse de Bourbon et du Duc d’Orléans. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages scientifiques concernant la médecine, les cures thermales, la géographie de l’Auvergne du point de vue médical, climatique, géologique et agronomique.

Jean-Baptiste Brayat (1779 – 1824) a un monument et un buste en bronze à son effigie sur la place de l’église à Boisset. Médecin de campagne, poète et conteur en langue auvergnate, il fut également maire de la commune. Etonnement, il prit l’habitude de composer des poésies au cours de ses longs trajets à cheval qui le conduisaient au chevet de ses malades. Ses contes, légers et drôles, furent publiés sous le titre « Conseils à son fils », qu’il offrait à ses patients pour compléter par un remède moral, le traitement à base de crèmes, de potions et d’onguents qu’il leur administrait. En effet, tout en faisant rire, il posait de bons principes de morale et prodiguait de bons conseils de vie et d’hygiène.

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