Mais quel est donc le fil conducteur existant entre les églises du Rouget, de Cayrols et de Roannes, pourtant si différentes les unes des autres ?

Il s’agit bien sûr des œuvres colorées et symboliques, de feu l’artiste local Jean Labellie !

Détails d'un vitrail de l'artiste local Jean Labellie
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Né en 1920 de parents instituteurs sur la commune du Rouget, Jean Labellie fut un peintre paysagiste abstrait, formé à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris et élève de François Desnoyer (1894-1972). 

C’est le professeur Henri Mondor en personne (1885-1962) de l’Académie de Médecine, qui avait convaincu les parents de Jean de l’envoyer à Paris pour développer ses compétences ; le professeur restera d’ailleurs une figure marquante tout au long de la vie de l’artiste.

Une fois formé en 1946, Jean Labellie devint professeur de dessin à Paris, tout en continuant à fréquenter le Louvre. Au cours des années 50, les différentes rencontres qu’il fit avec d’autres artistes peintres de renom en France et à l’étranger, l’emmenèrent à reconsidérer son art, qui de figuratif, évolua progressivement vers l’abstraction. 

De retour en 1969 dans son “Pays Vert” natal, Jean se voit confier la réalisation du mobilier et des vitraux de la nouvelle église du Rouget. Sa période des œuvres d’Art Sacré commençait…

Un an plus tard, c’est à Eus dans les Pyrénées Orientales qu’il installa son atelier et c’est bien des influences du pays catalan que l’artiste tirera toute la luminosité ainsi que les coloris plus vifs de ses œuvres. Son geste s’est géométrisé au fil des années et en 1992, Jean Labellie observe un temps de rupture et repense son travail en passant du végétal au minéral.

En 1998, Jean publia un livre, édité par les Amis du Patrimoine de Haute-Auvergne intitulé “Art Sacré – le Rouget-Cayrols. Un chemin vers l’essentiel”.

Jean Labellie fêta ses 100 ans le 18 Juin 2020 et s’éteignit un an plus tard.

Autoportrait de l'artiste, 1955
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LE ROUGET-PERS

En 1962, année de consécration de l’église nouvellement édifiée sur l’ancien Puy-d’Antonin, au coeur du village du Rouget, l’artiste s’attela aux vitraux de Ste-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus dont il dessina les motifs géométriques, inspirés du langage des fleurs.

Il réalisa également la “Sainte Face”, la grande verrière de la façade Ouest qui ne manque pas d’attirer l’œil du visiteur (en collaboration avec les maitres-verriers R. Mérigot (Paris) et G. Million).

Détails et symbolique des œuvres : 

  • la fleur de chrysanthème représente l’abandon des biens de ce monde et l’évocation de l’entrée de Ste-Thérèse au Carmel

  • la violette signifie l’humilité

  • l’anémone symbolise la “vraie” gloire

  • la marguerite illustre Thérèse, la petite fleur blanche du printemps

  • le tournesol = cette fleur est le miroir de la lumière du Monde et est attribuée à Marie

  • il y a aussi la tulipe, la fleur de lys, l’épi de blé… les commentaires audio et la mise en lumière des œuvres via un monnayeur retrace les étapes de création ainsi que leur symboles cachés.

La grande verrière de la Sainte Face illustre quant à elle un entrelacs de colombes formant une croix avec au centre, vers le haut, une colombe bleue dans son axe évoquant l’Esprit Saint.

Intérieur de l'église du Rouget
Grande verrière et son motif entrelacé de colombes
Un des vitraux de l'église du Rouget

CAYROLS

Dix ans plus tard, c’est l’église Ste-Anne de Cayrols qui se vit dotée de nouveaux vitraux. A l’origine, l’église était en fait la chapelle du château de Cayrols dont il ne reste aujourd’hui plus aucune trace. Dans son style, l’artiste y élabora une série de 10 vitraux, en collaboration avec les mêmes maîtres-verriers que pour ceux du Rouget.

Détails et symbolique des oeuvres : 

  • le chaos des éléments bibliques sont attribué à Ste Anne (eau, terre et feu)

  • les sacrements font référence à Marie (baptême, eucharistie, sacerdoce etc…)

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ROANNES-ST-MARY

Enfin en 1965, Jean laissa une empreinte de son passage à Roannes-St-Mary. L’église Ste-Barbes, de style roman, existait probablement avant l’an mil, puisqu’elle fut comprise dans la succession de Saint Géraud et mentionnée dans son testament. L’artiste la dota de 3 vitraux basés sur les dessins et projets de l’artiste et symbolisant les éléments naturels ainsi que les sacrements de la religion catholique : l‘un représente « Jésus au mont des Oliviers » avec une dominance de bleu et de vert, un autre symbolise Saint Jean Baptiste dans la lumière avec des tons jaune. Enfin, le dernier représente la patronne de l’église, Sainte Barbe.

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Abstraites ou figuratives, les œuvres modernes de Jean Labellie illustrèrent un renouveau de l’art du vitrail au XXe siècle dans le Cantal.