Dans le Cantal, chaque commune possède son lot de lieux-dit et hameaux disparus. Qu’il ne reste aujourd’hui que quelques ruines, une simple croix ou à peine une ferme à l’emplacement où jadis se trouvait un lieu notoire, il n’est parfois pas facilement aisé de faire la part des choses entre causes légendaires de ces disparitions et faits réels…
En effet, suivant les époques, les épidémies, invasions, bouleversements climatiques, guerres et crises diverses, ont bien souvent poussé les populations à se déplacer un peu plus loin… Alors mythe ou réalité ? Si l’on en croît la carte de Cassini datant du XVIIIe siècle, cela va sans dire que le territoire a subi d’importantes transformations jusqu’à nos jours et que nous ne sommes pas au bout de nos surprises…
Sur la commune de Glénat, Espinadel est le nom d’un hameau qui a priori en passant tout proche, n’évoque pas spécialement de caractéristiques légendaires… Pourtant, à l’emplacement des quelques maisons actuelles, se dressait autrefois un village, siège d’une ancienne paroisse.
Complètement disparu en 1830, il ne reste aujourd’hui que quelques fermes témoins. En se basant sur les souvenirs transmis par les anciens villageois, rapportés par le curé en 1912, cette histoire de disparition est à rapprocher des Huguenots pendant les Guerres de Religions. En effet, il semblerait qu’ils s’emparèrent de l’église d’Espinadel pour la convertir en temple protestant.
La paroisse ainsi que l’église furent alors associées à ce sacrilège, potentielle cause de la disparition du village.
Sur la commune de Rouziers, il existe encore de nos jours l’emplacement du Vieux-Rouziers.
En arrivant de Maurs sur la N122, au lieu de tourner vers Rouziers à Gauche, prenez à droite. A travers la campagne, fermes et habitations sont les derniers témoins du village d’antan.
Saviez-vous que la petite chapelle au toit de lauze dédiée à St-Martin, tout près de la source du même nom aux vertues miraculeuses, correspond en fait à l’emplacement de l’église, aujourd’hui disparue, du vieux-Rouziers ?
Le village des Estresses, commune de Saint-Julien-de-Toursac, s’est établi le long de l’ancienne route royale reliant Toulouse à Clermont-Ferrand. Mais saviez-vous que le village n’a pas toujours été là ?
En effet, le bourg de St-Julien (aujourd’hui vieux St-Julien) a vu ses édifices publics (église, cimetière, école, mairie) entièrement déplacés et transportés par ses habitants puis reconstruits au niveau du nouveau bourg des Estresses fin 19e, début du 20e siècles.
Il a d’ailleurs existé anciennement un très vieux château fort dans le ravin de Toursac et la tradition populaire raconte qu’en ce lieu il y avait jadis une ville fortifiée qui aurait été détruite à l’époque de la guerre avec les Anglais. Curiosité aussi, une verrerie aurait été en activité au bord du ruisseau !
De nos jours, le relief accidenté rend le repérage des lieux difficile et il ne subsiste de cette tradition orale plus aucune trace. Seuls existent, au fond du vallon, les restes ensevelis par la végétation de l’ancienne forteresse de Toursac dont il reste ça et là de vagues monticules. Nous reviendrons sur cette histoire dans un prochain article…
Actuellement le vieux St-Julien n’est constitué que de quelques maisons très anciennes, comme figées dans le temps.
Lacapelle-en-Vézie changea de nom par décret en date du 10 Mars 1932 pour la dénomination actuelle de Lafeuillade-en-Vézie.
Lafeuillade existait déjà et constituait un petit hameau de la commune initiale de Lacapelle-en-Vézie.
Quant à Lafeuillade, ce lieu apparaît sous la transcription « La Folhada » dans un acte notarié de 1549 et le mot « fouliado » désignait alors ses habitants. A partir des années 1880, du fait de sa situation le long de la route nationale (RN 120 devenue maintenant RD 920), le hameau de Lafeuillade se développa contre toute attente au détriment du village de Lacapelle-en-Vézie. Le village prit de l’importance dans les années 1920-1930. Si bien qu’en 1932, devant cet état de fait, le Conseil Municipal décida de demander le transfert du chef lieu à Lafeuillade, avec comme nouvelle dénomination celle qu’on lui connaît actuellement : Lafeuillade-en-Vézie !
Jouxtant la cité actuelle de Laroquebrou, Brou est aujourd’hui un paisible petit quartier, perché sur une butte à l’est de la Cité. Mais savez-vous que le berceau de Laroquebrou se trouve en fait à Brou ?
Aux origines, Brou tire ses racines de “brai” qui signifie en ancien français, la boue. Un premier village s’établit donc à Brou avec une église, un cimetière et des habitations. D’ailleurs, selon la tradition orale, l’ancienne église St-Martin de Brou (qui n’existe plus de nos jours) aurait été construite sur les vestiges d’un très ancien temple païen. Tout près, se trouvait également une source aux vertus miraculeuses dont il ne reste plus aucune trace. L’ancien village a d’ailleurs complètement disparu.
Il fallut attendre 1883 pour que des fouilles soient réalisées sur le site et là, surprise ! Une pièce d’or de monnaie romaine ainsi qu’un sarcophage de l’ère mérovingienne (actuellement conservé au fond de l’église de Laroquebrou) furent exhumé !
Au temps troublé du Moyen-Âge et dans le cas de Brou c’est bien la volonté de ses habitants de se protéger et de s’abritait lors des attaques dans la forteresse naissante de Laroque (“rocca” – “roque” – pierre) sur le promontoire en face de la cité de Brou, qui enclencha la disparition du village initial…
Dans ce dernier cas, il est question de la reconstruction de l’église du village.
A Rouffiac, la moitié des habitants voulait la voir reconstruite à son emplacement originel tandis que l’autre moitié préférait la voir s’élever un peu plus haut, vers le cimetière. Si l’on rapporte ces faits à la mémoire des habitants et aux croyances transmises, c’est à la Vierge Noire que l’on demanda de trancher la question. Ainsi on sortit sa statue de la crypte et on la plaça au niveau du cimetière. Quelle ne fut pas la surprise des habitants lorsqu’ils découvrirent au petit matin que la statue était revenue dans sa crypte ! L’expérience fut renouvelée avec toujours la même issue.
C’est ainsi que la nouvelle église fut reconstruite au-dessus de sa crypte !
Sources : « Croyances, légendes et traditions populaires dans le Cantal » de Pierre Moulier, commune-saintjuliendetoursac.fr, Cantal Passion, lafeuillade-en-vezie.fr
Ferre
• 27 mai 2024Très intéressantes petites histoires .
Ferre
• 27 mai 2024Toujours agréable de lire ces petites histoires. Bien de les partager.merci .