Imaginez devoir déplacer pierre après pierre l’église de votre village afin qu’elle soit rebâtie un peu plus loin. Quelle idée saugrenue, non ? C’est pourtant ce à quoi les gens de Rouziers ont dû s’atteler après que leur clocher s’est effondré en 1946.

Construite par les hommes du Moyen Âge dans un vallon difficile d’accès, par conséquent mal entretenue, il n’en fallut pas plus pour que le curé et le maire se décident à mobiliser tous les paroissiens en mesure de participer à ce « déménagement » peu ordinaire.
Tant et si bien que c’est une véritable église romane que vous découvrirez entre la mairie et le cimetière de Rouziers, à deux pas de la route nationale 122, mais une église romane… des années 1950 !
Une église pas tout à fait identique à sa version antérieure tout de même : le petit contrefort qui soutenait la chapelle axiale sous la baie n’a pas été reproduit, et l’abside n’est plus légèrement désaxée par rapport à la nef. Mais cela ne vous empêchera pas d’admirer la simplicité et la grâce de cette partie de l’édifice, qu’un surprenant hourd couronne à merveille.
Heureusement pour eux, les Rouziérois et Rouziéroises n’eurent pas à mobiliser autant leurs forces au profit du château, voisin de l’église : il n’en reste plus la moindre trace depuis bien longtemps.
Ce château fut pourtant le fief d’une illustre famille dont est issu l’un des plus fameux troubadours d’Auvergne : Pierre de Rougier ou Peire Rogier en version originale occitane. On ne sait d’ailleurs pas si c’est elle qui a légué son nom au village ou l’inverse.
Suivant l’usage médiéval qui destinait l’un des cadets de la famille à la prêtrise, c’est directement au canonicat de la cathédrale de Clermont que le jeune Auvergnat accéda, l’évêché de Saint-Flour n’ayant pas encore été créé au XIIe siècle. Mais la retraite ecclésiastique n’était pas faite pour lui… et il remisa bien vite sa pèlerine pour se faire jongleur, autrement dit ménestrel, et aller chanter l’amour courtois.
Ses pérégrinations le menèrent à la fastueuse cour de Narbonne, où les troubadours bénéficiaient de l’obligeance de la vicomtesse Ermengarde. C’est depuis Narbonne que ses talents de poète se firent connaître et que sa réputation s’étendit, à tel point qu’il semble être devenu le troubadour le plus apprécié de la cour. De la cour, et peut-être aussi d’Ermengarde elle-même… C’est du moins ce que certaines langues avancèrent, et Pierre dut faire les frais de ces insinuations courtisanes en quittant pour toujours Narbonne et la jeune et belle vicomtesse que ses poèmes surent si bien célébrer.
Pierre trouva d’abord refuge auprès de son « confrère » Raimbaut d’Orange, puis du comte Raymond V de Toulouse, dont les penchants littéraires en firent un protecteur naturel du talentueux Cantalien.
Nul ne sait si c’est par l’inconsolable dépit d’être éloigné à jamais d’Ermengarde qu’il décida de se tourner vers Dieu, cette fois de sa propre initiative. En tout cas, c’est au prieuré Saint-Michel de Grandmont, près de Lodève, qu’il finit ses jours, peu avant 1200.
Loin de Rouziers donc, qui ne conserve la mémoire de Pierre que par le biais de ses vers, qui comptent parmi les plus beaux de la langue d’oc du XIIe siècle.

Imagine having to move your village church stone by stone so that it can be rebuilt a little further away. What a crazy idea, isn’t it? But that’s exactly what the people of Rouziers had to do after their church tower collapsed in 1946. :

Stel je voor dat je je dorpskerk steen voor steen moet verplaatsen om hem een stukje verderop te kunnen herbouwen. Wat een gek idee, nietwaar? Maar dat is precies wat de inwoners van Rouziers moesten doen nadat hun kerktoren in 1946 instortte. :

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