De par sa physionomie spectaculaire, la colline de la Garenne ne manque pas d’attirer l’attention des promeneurs des environs de Saint-Santin. Avec le puech de Salvageau voisin, elle fait le bonheur des amateurs d’orchidées. Ceux-ci ont le loisir d’y admirer des dizaines d’espèces de leur fleur favorite, qui revêt en ces confins du Cantal mille visages.
L’endroit fut aussi jusqu’à il y a une vingtaine d’années un haut lieu de la recherche astrophysique européenne. Ce domaine d’activité des plus secrets et mystérieux a suscité son lot de fantasmes dans les esprits locaux.
Théâtre de coupables expérimentations ? Dispositif d’espionnage international ? Outil de communication avec les extraterrestres ? Ce qu’on désignait autrefois sous le nom de “radar”, faute d’être en mesure d’en saisir plus précisément l’objet, alimentait les rumeurs les plus farfelues parmi le commun des mortels saint-santinois.
Les installations aujourd’hui à l’abandon, perdues dans la végétation folâtre du puech de Salvageau, ont pourtant été pendant près de quatre décennies l’apanage des scientifiques les plus savants et les plus rigoureux, ceux dont la mission est de scruter l’au-delà du ciel. Qu’y faisaient-ils ? Grâce à elles, ils étudiaient l’ionosphère, c’est-à-dire la couche supérieure de l’atmosphère, qui s’étend jusqu’à un millier de kilomètres de la surface du globe. La station ionosphérique de Saint-Santin émettait des ondes à plusieurs centaines de kilomètres au-dessus de nos têtes, ondes qui étaient réceptionnées par l’antenne de Nançay, en Sologne.
Le site de Nançay, qui accueille l’un des plus grands radiotélescopes de la planète, est devenu la grande station de radioastronomie française. Saint-Santin appartient en ce domaine à l’histoire, mais rien n’empêche d’y venir encore admirer les astres… car le puech de Salvageau et la butte de la Garenne sont uniques en leur genre en Auvergne. Ces buttes-témoins d’un ancien bassin lacustre font partie d’un ensemble plus vaste intégré au réseau européen Natura 2000 et désigné sous le nom de Vallées et coteaux thermophiles de la région de Maurs.
Entre mai et juin, les élégantes fleurs à la physionomie si spécifique inondent le sol de leurs couleurs chatoyantes, pour le plus grand plaisir des amateurs, mais attention : on ne touche qu’avec les yeux ! Le sérapias langue, l’homme-pendu ou encore l’ophrys abeille, dont la fantaisie des noms n’a d’égale que la beauté de celles qu’ils désignent, s’offrent à vous chaque printemps.
Vous l’avez compris, le site se trouve en limite septentrionale de répartition d’une végétation purement méridionale. Limite qu’affectionne aussi certaines espèces animales du reste : la cigale y fait entendre son chant nuptial dès lors que la chaleur l’y invite, l’ascalaphe bariolé y déploie ses ailes jaune et noir, l’empuse ou “diablotin” y côtoie sa cousine la mante religieuse.