Situé en Châtaigneraie Cantalienne, Montmurat constitue le village le plus méridional de notre territoire. Perché, il toise les 3 départements limitrophes que sont le Cantal, le Lot et l’Aveyron. Cette position stratégique lui a d’ailleurs valu le statut de motte castrale. En effet, bien qu’il ne reste plus aucune trace de ce qui fut son château, le village a néanmoins gardé une âme particulière…
Montmurat est ce que l’on appelle un ancien “Mons muratis”, c’est-à-dire “une colline ceinte de murs” ; la terminologie “mur” venant du latin “murus” qui correspondait au Ier millénaire à une fortification. Ainsi “murus” devait évoquer une palissade, une muraille de bois ou de pierre entourant le village pour en assurer sa défense en cas d’attaque.
D’ailleurs, en se baladant dans ses ruelles, bien que la “muraille” n’existe plus, l’on peut encore observer ses maisons perchées, toutes blotties les unes contre les autres afin de protéger la population d’antan. Ce nom de village rappelle donc l’existence d’un antique fort romain ou franc, notamment évoqué dans un manuscrit de 1275 comme le “castrum” (château) de “Montemurato” (l’ancien nom donné à Montmurat).
Il existe une légende quant à l’ancienne forteresse de Montmurat, fief d’un certain Geraldus de Monte Mirato au XIe siècle.. Occupant une superficie d’un demi-hectare, elle était dotée de 13 tours dit-on et en souterrain, se trouvait un cachot, profondément enfoui dans les ténèbres…D’ailleurs, dans son enceinte, il y avait une place d’armes nommée la Garenne, entourée aussi de murs et de fortes tranchées faites dans le roc. C’était le lieu des rassemblements de la garnison.
Ce château, immense, fut pillé à la Révolution et on finit de le démonter au XIXe siècle.
De nos jours, il reste, tout comme à Carlat, “le plateau” sur lequel il était construit, une vue grandiose ainsi qu’un puits d’une profondeur de 34m. D’ailleurs, la seigneurie de Montmurat a toujours relevé de la vicomté de Carlat bien que les familles de seigneurs aient changé de noms au fil des siècles.
Saviez-vous qu’en dehors du château perché, il existait aussi “le château bas” (catelsutro) ? Le château inférieur appartenait à la famille de Panal. Ainsi, en 1268, 2 habitations féodales semblaient coexister.
De plus, en échos à notre podcast, on découvrit en 1803, une grotte dite “sépulcrale” sur un monticule inculte appelé Puech de Rozier.
Ensuite, au lieu-dit “plateau de garenne” (correspondant à l’ancienne place d’arme au sein de la forteresse), fut exploré en 1840, la caverne (aussi appelée “cave des anglais”) renfermant les ossements dont 10 crânes humains et les journaux de l’époque en firent un récit étonnant :
“La grotte de Montmurat a été faite par la main des hommes sous un dallage calcaire … On y pénètre, en se courbant, par une petite entrée pratiquée entre deux bancs de rochers ; on ne peut passer qu’un par un ; la pente verticale, à l’entrée, est de 1,50 m. Puis, après avoir parcouru une longueur de 25 mètres, très proprement taillée, sur une hauteur de 1, 85 m. et une largeur de 2, 25 m, on pénètre dans le fond de la caverne, qui était spacieux … La porte de la grotte avait été murée avec soin … Cette grotte fut découverte par hasard en creusant une carrière. Derrière son entrée, et sur les débris calcaires, furent découverts les ossements entassés vers l’ouverture. Le pêle-mêle de ces ossements se touchant, se croisant l’un dans l’autre, démontrait à l’évidence que les corps n’avaient point été symétriquement déposés ; au contraire, on voyait à l’inspection qu’ils s’étaient consumés assis ou accroupis sur eux-mêmes. La tête, loin d’être dans sa position normale, gisait vers le centre des débris de chaque individu. Ils devaient être dans la force de l’âge ; aucune dent ne manquait a leur mâchoire ; et, comme ces os s’étaient fortement pétrifiés, la fin de ces misérables devait remonter à une haute antiquité ».
Quant à la grotte de Croquepèse, située à la carrière « les chaux de Montmurat », elle fut visitée le 8 Juillet 1984 par une équipe de spéléologues.
En 1821, ce château existait encore presque dans sa totalité bien que la plupart de ses parties étaient en ruines… Il fut cette année-là divisé, ainsi que les terres, en plusieurs lots, et vendu aux enchères. Depuis, les tours ont été démolies sachant qu’elles avaient été découronnées en 1793, comme il en était d’usage après la Révolution. De nos jours, une maison contemporaine a remplacé le donjon féodal.
De tout temps, il a aussi existé une fontaine aux vertus curatives à Montmurat : la source de Fonban. Réputée pour guérir le goître, il suffisait aux malades d’en boire l’eau pendant plusieurs dizaines de jours afin de se débarrasser de ce problème de thyroïde !
Il semblerait que l’église Ste-Marie de Montmurat soit l’ancienne chapelle castrale. Située à l’extrémité du rocher, elle serait tout ce qui subsiste de l’ancienne fortification attenante. Plusieurs fois remaniée au cours de l’Histoire depuis le XIe siècle, cette petite église est désormais inscrite entièrement aux Monuments Historiques depuis le 11/10/2004 !
Mesurant 15m de long sur 9m de large, elle est décrite comme ayant les principales caractéristiques du XVe siècle de la vague de reconstructions des églises après la Guerre de Cent Ans. De style gothique, l’une de ses curiosités est notamment le décalage du chœur roman par rapport à l’axe de la nef, aux murs eux-mêmes légèrement convergents.
A l’intérieur, admirez un jeu de tableaux retraçant le chemin de croix du Christ, les chapiteaux anthropomorphes, le maître-autel en marbre du XIXe siècle, une des clefs de voûte représentant Marie avec l’enfant Jésus à son bras… Ancien prieuré, cette petite église possède également un reliquaire qui renferme un cheveu de la Ste-Vierge et quelques reliques des martyrs St-Biaise et St-Arthémon.
Sources : “Origine des Noms de Villes et Villages – Cantal”, de Jean-Marie Cassagne et Mariola Korsak, www.cantalpassion.com, www.wikipedia.com