Dominant le bourg de Montsalvy, le site du puy de l’Arbre constitue un magnifique observatoire naturel qui fait le plaisir de ses visiteurs. Il est aisé d’imaginer que de tout temps la situation stratégique du site fut exploitée par l’homme. Certains y ont d’ailleurs vu un petit volcan, d’autres y ont décrit un ancien lieu de culte celtique… Quoi qu’il en soit, ce site garde incontestablement de nombreuses parts d’ombre…
Ouvert sur le sud-ouest, le panorama du puy de l’Arbre, du haut de ses 830m, embrasse une bonne partie de l’Aveyron tout proche. L’horizon y est barré par les Cévennes, l’Aubrac et les Monts du Cantal. Par temps clair, on peut même apercevoir le clocher de la cathédrale de Rodez !
Cette situation enviable a attiré les convoitises dès le Moyen-Âge. Le sommet du puy – mot qui vient du latin podium qui désigne une petite éminence – garde les traces évidentes de la présence d’une motte castrale, c’est-à-dire l’ancêtre des châteaux forts.
Les mottes castrales, dites encore mottes féodales, étaient constituées d’un donjon de bois cerné d’une palissade et dressé sur un tertre naturel ou artificiel. Au puy de l’Arbre, on distingue encore nettement l’emplacement circulaire où se dressait la palissade qui cernait le château dit “de Mandulphe”, attesté au XXe siècle, bien avant la création de Montsalvy par Saint Gausbert.
Aujourd’hui, il ne reste de cette motte féodale que le type cratériforme encore bien visible, entouré d’un fossé en partie comblé et inclus dans une autre enceinte délimitant une basse-cour par un rempart d’une hauteur restante de deux mètres.
Propriété de l’abbaye St-Géraud d’Aurillac, le site fut tout d’abord cédé aux vicomtes du Carladès, peu avant l’an Mil.
À l’époque, les flancs du petit puy étaient déjà un axe de circulation important, connectant les estives du Massif central avec le Midi et permettait non seulement la surveillance de toute la région, mais également le contrôle de l’ancienne route, attestée au XIIIe siècle, passant par Montsalvy et reliant les estives des Monts du Cantal.
Construite, cette forteresse était atypique pour la région de par son nom d’origine germanique ainsi que par sa conception exceptionnelle.
Ce château est donc antérieur au bourg de Montsalvy, bourg qui vit le jour grâce à la cession par le vicomte Bérenger de Carlat d’une partie de son territoire au moine Gausbert, le fondateur de la sauveté de Montsalvy.
La tradition veut que ce château ait été rasé en 1477 à la suite de la condamnation à mort de Jacques d’Armagnac, vicomte de Carlat, sur décision royale alors qu’il était en conflit ouvert avec Louis XI.
L’histoire oublia le puy de l’Arbre pendant trois siècles, quand survint la Révolution Française.
Jusqu’alors, aucune unité de mesure commune n’existait, ce qui entravait les échanges entre régions et a fortiori entre pays. Les mathématiciens et astronomes Jean-Baptiste Delambre et Pierre Méchain furent ainsi chargés en 1791 de déterminer la longueur précise du mètre. Ils y parvinrent par la méthode de triangulation, en mesurant toute une série de distances angulaires dont l’arc du méridien entre Dunkerque et Barcelone, ainsi appelé “la méridienne de France”.
Pour arriver à leurs fins, ils s’équipèrent chacun, le premier entre Dunkerque et Rodez et le second entre Rodez et Barcelone, d’un cercle répétiteur de Borda. Ce curieux et peu discret appareil leur valut, en plein épisode de la Terreur, plusieurs arrestations : on les prit régulièrement pour de dangereux complotistes à la solde de la royauté !
Mais ils s’acquittèrent tout de même de leur mission, grâce à laquelle le mètre connut son fabuleux destin… Pendant l’été 1797, ils stationnèrent quatre jours à Montsalvy et firent le choix du Puech de l’Arbre comme signal de triangulation. Relié à ceux du Puy Violent, de la Bastide du Haut Mont, de Rieupeyroux et de Rodez, ils mesurèrent ainsi la longueur de cette fameuse méridienne. Celle-ci leur permis de définir le mètre qui est la dix millionième partie du quart du méridien terrestre !
Saviez-vous que pendant plusieurs centaines de générations, le site s’appelait “Puy Lac” ? Mais au moment de la Révolution, le nom avait déjà changé pour “Puy de l’Arbre”. A cette même période fut planté un frêne dans le village comme Arbre de la Liberté. Quelques dizaines d’années plus tard, vers 1850, ce même arbre fut déplacé au centre de la butte du “Puy de l’Arbre”. Coïncidence ?
En 1875, Isidore Boissonade, un Montsalvyen s’étant pris de passion pour le site, le transforma en y plantant des arbres afin de rendre son accès plus facile du bourg et l’aménagea en un lieu de promenade.
Depuis 1972, le puy de l’Arbre est inscrit à l’Inventaire des Sites Classés et Protégés.
De nos jours, une borne géodésique fait désormais office de stèle à la mémoire de l’œuvre de ces deux scientifiques. À proximité, une table d’orientation nous permet de découvrir les éléments du panorama exceptionnel qui s’offre à nous. Enfin, à quelques centaines de mètres, le parcours de santé offre une promenade au cœur de la forêt communale de Montsalvy. Outre les sportifs, il accueille aussi les pique-niqueurs avec ses tables et ses bancs.
Sources : www.montsalvy.fr et archives.cantal.fr