Perché sur son promontoire naturel, le vieux château fort du Merle dont il ne reste que des ruines, se perd au milieu des bois. C’est la silhouette de sa plus haute tour décharnée, comme sortie de nul part, qui interroge le voyageur. A la mince frontière entre l’histoire et la légende, nous allons vous en conter le récit…
Le vieux château fort du Merle, au lieu-dit Chaule, sur la commune de St-Constant-Fournoulès, fut le lieu d’un terrible drame.
La légende remonte au XIIIe siècle. Le château était alors habité par le noble Foulques de Merle et sa soeur Béatrix. Du mariage de cette dernière avec Pons de Corbi, naquit notre Flore de Corbi.
Devenue jeune fille et fort belle, elle suscita très tôt l’intérêt des hommes des environs, « ses beaux cheveux blonds retombaient en lourdes torsades sur ses épaules et ses grands yeux noirs d’une vivacité exquise captivaient tous les gentilshommes du Castanial ».
Un beau jour, ce fut Amaury de Montjon qui lui demanda sa main et la date du mariage fut fixée en grande hâte par la famille d’Amaury. La cérémonie aurait donc lieu le Vendredi 13 Mai 1215, au grand regrets des très superstitieux parents de Flore, car en ces temps-là, se marier un vendredi était de mauvais présage…
Le jour venu, tout se déroula à merveille et après le banquet, une fois la nuit tombée, un grand bal fut donné.
Flore, qui adorait danser, ne manqua aucune danse, quitte à épuiser ses nombreux cavaliers jusqu’au bout de la nuit. « La salle merveilleusement décorée et illuminée présentait un aspect féerique« . La jeune châtelaine dansa longtemps avec son époux. Puis voyant que plus aucun partenaire ne la suivait, elle déclara “ Si au moins il y avait le Diable, j’aurais un cavalier avec qui danser!”. Aussitôt dit, le Diable se manifesta sous les traits d’un beau jeune homme et ensemble ils virevoltèrent jusqu’au petit matin. Ils « virèrent » tant que la belle Flore finit par s’avouer fatiguée et au moment où tous les assistants d’attendaient à ce que, selon l’usage, le cavalier reconduisît la demoiselle à sa place, quelle stupeur !
Au chant du coq, le Diable prit Flore dans ses bras, ouvrit une fenêtre et sauta dans le vide, entraînant la jeune mariée avec lui dans sa chute ! « Les verrières s’ouvrirent avec fracas, les croisillons allèrent rouler au fond du ravin (…) » et le Diable disparu, ne laissant qu’une trace de pied sur le rebord de la fenêtre ainsi qu’une « épaisse fumée d’où se dégageait une forte odeur de soufre« .
L’assemblée de la noce et les parents de Flore la retrouvèrent morte au fond du précipite qui entoure le château. Ainsi s’achève l’histoire de Flore de Corbi mettant en garde les jeunes cantaliennes de se marier un vendredi et de trop aimer la danse…
Sources : « Les mystères du Cantal » de Daniel Brugès et Jeanne Montlucet pour la revue « La Musette ».