Selon la définition, au Moyen-Âge et jusqu’à la fin du XVème siècle, il y eut un peu partout en Auvergne, des reclus et des recluses. Il s’agissait d’hommes et de femmes, d’âge mûr, qui choisissaient le régime cellulaire à vie. La prière devenait alors leur seule obligation. En effet, dès qu’ils avaient franchis l’intérieur de la récluserie (une toute petite pièce de quelques mètres carrés), on en murait la porte ! Le seul contact avec le monde extérieur se faisait par une petite fenêtre, s’ouvrant le plus souvent sur une chapelle. C’est par cette fenêtre, semble t-il, qu’on leur faisait passer nourriture et vêtements…
En Châtaigneraie Cantalienne, la tradition populaire fait état de 2 cas de reclusage, l’un à Laroquebrou et l’autre à Montsalvy…
A Laroquebrou, il semblerait que la définition ait connu quelques variables… En effet, lorsque de la rue Damont, vous traversez la place du Coq Roquais en direction de l’ancien hospice, tendez l’oreille et écoutez le ruisseau en contre-bas sur votre droite.
Quasiment invisible depuis la rue, un escalier descend jusqu’à celui que l’on nomme “le ruisseau du reclus”. En effet, Laroquebrou, cité médiévale, ne fut pas exempt de cette pratique. Par contre, la légende raconte qu’il s’agissait de jeunes gens très pieux, désignés en qualité de reclus pour expier les péchés de la population… En quelque sorte, il s’agissait de l’offrande d’une vie, d’un sacrifice, afin de nettoyer la cité impure (maladies, actes criminels…).
Une fois enfermé, l’hermite n’avait plus la possibilité d’en sortir. N’ayant pas la place de s’allonger ou de s’asseoir, il ne pouvait compter que sur le maigre réconfort alimentaire que lui témoignaient les habitants de la cité jusqu’à son trépas…
La tradition veut qu’il y ait eu une “chapelle du Reclus” un peu plus en amont, dans une prairie à l’extérieur de l’ancienne cité. Ce qui explique que de nos jours, mis à part le nom que le ruisseau a conservé, il ne reste plus aucune trace de cette “recluserie”.
Nous avons d’ailleurs du mal à imaginer où se trouvait exactement l’emplacement du réduit ; le ruisseau s’engouffrant, tout comme le ruisseau du Negrerieu tout proche, sous les maisons de la cité… Mais saviez-vous que jusqu’au XIXe siècle le ruisseau du reclus passait à l’air libre devant l’hospice ? Il servait entre-autre au nettoyage des peaux par les tanneurs qui habitaient les maisons voisines. Ensuite le ruisseau descendait vers le foirail par l’actuelle rue Pierre Hébrard et finissait sa course en se jetant en cascade dans la rivière Cère !
Située tout au Sud de notre territoire, partons pour la cité de Montsalvy.
Moine fondateur, St-Gausbert le fut aussi de la chapelle du Reclus, toujours visible de nos jours au niveau du cimetière, situé le long de la route partant vers Entraygues-sur-Truyère (12).
Ce qui s’apparente aujourd’hui à un porche donnant accès au cimetière communal illustre bien le rôle des sauvetés au Moyen-Âge : la légende raconte qu’un moine de Faycelles (ou de Fageolles) dans le Lot, avait été accusé de sorcellerie et condamné à mort . Repenti et gracié par le saint, le religieux fut amené dans une cellule construite pour lui-même. Ainsi le religieux y mourut en saint quelques temps après et sur ce lieu, vraisemblablement au XIVe siècle, on construisit une chapelle, celle de l’actuel cimetière et témoin de cette pratique des temps anciens !
Dédiée de nos jours à Ste-Madeleine, la chapelle a été incluse dans les murs du cimetière en 1853. Jadis sur le fronton, on pouvait lire l’exhortation suivante: »Si le nom de Marie est dans ton cœur gravé, souviens toi en passant de lui dire un avé », remplacée dans les années 1970 par »Je vous salue Marie pleine de grâce ».
Sources : Guide de l’Auvergne mystérieuse et Croyances, légendes et traditions populaires dans le Cantal de Pierre Moulier, lieuxsacres.canalblog, cantalpatrimoine