Terre d’eau, la Châtaigneraie abrite depuis la nuit des temps bon nombre de sources auxquelles les Hommes ont attribué vertus et guérisons miraculeuses, à la mince frontière entre la légende et le réelle.
Aux abords de la chapelle du Bourniou à Roumégoux, il existe une source miraculeuse à l’origine de divers miracles comme ceux de rendre la vue aux aveugles ou de guérir différentes maladies. Cette source trouve son origine lors du passage du cortège mortuaire de St-Géraud vers Aurillac. En effet, à l’endroit où fut posé le cercueil contenant les reliques du saint homme, l’eau de la source se mit à jaillir et ne s’arrêta plus de couler depuis ! Un pèlerinage a lieu tous les 08 Septembre vers la fontaine St-Géraud.
A Ladinhac, coule une fontaine particulière qui s’appelle la fontaine du Biail. Peu importe le moment de l’année ou l’âge, sur plusieurs générations, les parents des siècles passés donnaient à boire cette eau vertueuse à leurs enfants afin de développer, selon la croyance, leur intelligence.
Sur la commune de Montsalvy, bien à l’extérieur de la cité, il y avait la chapelle de la Sainte-Fons dont l’origine est attribuée à St-Gausbert. Aujourd’hui, il n’en reste que des ruines mais elle abritait selon les croyances, une fontaine pavée dont les eaux rendaient aux nourrices le lait qu’elles avaient perdu.
A Montmurat, la source de Fonban était réputée pour guérir le goître.
A Vitrac, il existe une légende concernant la fontaine. St-Martial, patron de l’église se rendant de Limoges en Haute-Auvergne par la voie romaine, fit une halte près de la fontaine pour se reposer, lui et ses compagnons de route. Depuis, cette fontaine de St-Martial a reçu la promesse de ne jamais se tarir et de ne jamais nuire à ceux qui viendraient boire de son eau ; curieuse promesse mais néanmoins sensée puisque toutes les eaux ne sont pas toujours bonnes à boire en fonction de la saison ou de leur température.
Pour la vue, les maladies de peau ou même le rachitisme, les fontaines du territoire ont offertes de nombreuses vertus et cas de guérisons miraculeux. Ce fut le cas pour la fontaine disparue de St-Martin à l’Est de Laroquebrou. Cette fontaine se situait vraisemblablement toute proche de l’ancienne église du village initial de Brou, elle-même construite sur les vestiges dit-on, d’un temple païen. Déjà connue et exploitée par les Celtes, le médecin Brieude (1729-1812) a attribué à l’eau particulière de cette fontaine, des bienfaits aux jeunes enfants qui peinaient alors à marcher. Curieusement, les veufs n’avaient pas le droit d’assister aux ablutions, sans pour autant que l’on en connaisse la raison. De nos jours, plus de trace ni de l’église de Brou, ni de la fontaine mais le calvaire situé en haut de la cité du même nom atteste de l’emplacement de ces rites anciens.
A Sénezergues, l’on trouve encore la fontaine toujours dédiée à St-Martin. Toute proche de l’église, à côté d’une belle grange, elle est équipée d’un gobelet en fer blanc qui semble indiquer que l’eau est toujours utilisée à ses fins curatives. Les enfants souffrant de rachitisme, comme à Laroquebrou, étaient ainsi trempés dans la fontaine au niveau des membres atteints et des prières étaient prodiguées pour accompagner les ablutions.
A Rouziers et plus exactement au Vieux-Rouziers, il existe aussi une fontaine aux propriétés miraculeuses concernant la cécité. Les parents amenaient les enfants à la fontaine St-Martin, non pas cette fois pour les problèmes de motricité mais bien lorsqu’ils avaient des problèmes de vue. Ils en repartaient guéris à condition de demander au saint “de voir clair et bien” !
Lorsque l’on venait à Nieudan, l’on s’adressait à la Vierge à propos des récoltes ou de la météo mais c’est surtout au sujet des maladies que l’on adressait ses demandes de guérison. C’est ainsi que sont nées de longues processions vers la chapelle du Puy-Rachat ; les visiteurs se déplaçant avec leurs demandes diverses et variées de tous les villages alentour, parfois lointains. En effet, près de la chapelle coulait une source aux vertus curatives pouvant, selon la tradition, soigner toutes sortes de maladies ou d’infirmités. Les pèlerins consommèrent ainsi abondamment cette eau sainte jusqu’à sa disparition en 1884.
A Lafeuillade-en-Vézie, coule la source dite de “la Capelle”, dont le nom rappelle l’ancienne appellation du village qui était jusqu’en 1932, Lacapelle-en-Vézie. Ici, pas de vertu miraculeuse mais simplement une eau fraîche et gazeuse qui ne “troublait” par le vin. Aussi, deux bâtiments furent construits à proximité afin d’embouteiller et de commercialiser l’eau en bouteilles. La 1ere Guerre Mondiale étant passée par là, l’exploitation de la source cessa après 1918.
Sources : « Guide de l’Auvergne mystérieuse » de Annette Lauras-Pourrat, « Les Mystères du Cantal » de Daniel Brugès et « Croyances, légendes et traditions populaires dans le Cantal » de Pierre Moulier