Lorsqu’on prend la direction de St-Victor, qu’on suit les panneaux et qu’on emprunte la route qui descend de virage en virage dans la forêt… c’est au beau milieu d’une cours de ferme qu’on atterrit ! Caché, le hameau de St-Victor en Châtaigneraie se mérite du haut de son éperon rocheux d’apparence escarpé et sauvage… Découvrons ce lieu secret, emprunt d’histoire et de patrimoine insoupçonné !

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Si l’envie vous prend de vouloir vous perdre dans la Châtaigneraie secrète, un détour par St-Victor semble donc tout indiqué !

Son origine remonte au moins au XIIe siècle. Au commencement, St-Victor était une seigneurie appartenant à la famille de Montal, tout comme Laroquebrou à quelques kilomètres. Il y avait autrefois un château, le château de Prallat. Il s’élevait sur la colline, dont il ne reste aujourd’hui que l’église. Romane, son chœur en cul de four aurait été justement l’ancienne chapelle du château. Son clocher à peigne “à 2 ouïes” est typique des églises rurales de la Haute-Auvergne. Elle possède deux autels du XVIIIe siècle, un bénitier sur colonne de pierre, quelques statues anciennes ainsi qu’une petite chapelle dédiée à Notre-Dame-des-Sept-Douleurs.

De nos jours, le « bourg » de St-Victor prend des airs d’îlot entouré de bois.

En effet, au fil du temps, la végétation a tout recouvert sur son passage, y compris les pentes les plus abruptes du piton rocheux. Les habitants sont partis vivre dans les hameaux voisins et il ne reste aujourd’hui que l’église rénovée en 1980 et deux maisons. D’ailleurs, on y accède exclusivement à pied, par un chemin escarpé, véritable chemin de croix ponctué de 12 stations de schiste.

Bien qu’ayant une dimension de chapelle, cette église dédiée à St-Victor de Marseille, possède bel et bien le statut d’église paroissiale. Tout autour, existe encore le petit cimetière rural qui abrite les tombes des familles des environs. A gauche de la porte d’entrée, des fonts baptismaux enchâssés dans le mur sont encore visibles.

En contrebas de l’église, trois bâtisses sont accolées : l’ancien presbytère, l’ancienne mairie et l’ancienne école.Au XIXe siècle, le village de St-Victor comptait encore 500 habitants, répartis dans les hameaux autour du promontoire.

Eglise de Saint-Victor (6)

Le déclin de ce petit village s’est fait progressivement.. L’école a été fermée lors de la Seconde GM en 1940 et n’a pas rouvert à la Libération. Ensuite, ce fut au tour de la mairie d’être déplacée à Aleix (plus facilement accessible) en 1954. Il est dit qu’il se pourrait que ce soit la faute au progrès et aux véhicules à moteurs ! Jadis, de nombreux chemins convergeaient vers St-Victor. Devenus trop étroits et escarpés pour les nouveaux engins, le village, également victime de l’exode rural, s’est progressivement isolé du reste du monde…

Il existait un pèlerinage chaque année le troisième dimanche de septembre depuis le XVIIe siècle mais il prit fin mystérieusement… Il fallut attendre le dévouement en 1913 d’une poignée d’habitants pour relancer et pérenniser de nouveau l’idée de ce pèlerinage.

En 2015, des moines bénédictins se sont installés sur ce rocher du bout du monde à St-Victor ; fait notoire puisque la tradition bénédictine s’était perdue dans le Cantal depuis le XVIe siècle au profit des chanoines ! Ces moines y assurent une présence monastique tout en s’occupant des lieux : après avoir défriché les abords du site, nettoyé les bâtiments laissés à l’abandon et désherbé le cimetière, ils ont également créé un potager dans le prolongement de l’église.

S’élevant à 500m d’altitude, ce site qualifié aujourd’hui d’ermitage, offre une vue exceptionnelle sur les alentours, dont Aleix, la forêt ainsi que les méandres du ruisseau de ce bout de Cantal un peu magique !

Village de Saint-Victor (2)