Ils bordent nos routes de campagne et se devinent au détour d’un bois ou d’une allée, enfouis parfois au cœur de centaines d’année d’histoire et d’épopées… Nous avons nommé : les châteaux méconnus de la Châtaigneraie Cantalienne ! Dans cette partie n°2, nous allons continuer de sillonner le territoire à la recherche de ses demeures privées, témoins des siècles et du temps passé. Riches d’un patrimoine remarquable et d’une architecture bien locale, ces châteaux ne se visitent pas mais nous ouvrent tout de même un peu leurs portes à l’occasion de cet article… Alors en route !

Il était une fois le château de la Pachevie à Rouffiac… Saviez-vous que la seigneurie de Rouffiac appartenait jadis à la maison de Montal et que Noble Durand de Montal, seigneur de Laroquebrou, en jouissait en 1297 ? Manoir à l’architecture caractéristique des châteaux cantaliens, le fief est mentionné pour la première fois en 1379. L’édifice présente une structure médiévale des XIVe et XVe siècles, d’une chapelle ornée de peintures murales du début du XVIIe et d’un corps de logis réaménagé au XVIIIe siècle après un incendie. A l’origine, le château se composait d’un donjon entouré d’une enceinte fortifiée (logis central et trois tours). En effet, au XVIIIe siècle, un incendie détruisit une grande partie du donjon qui perdit sa tourelle d’escalier circulaire en façade et son couronnement de mâchicoulis. L’actuel avant-corps central, les percements, ainsi que les boiseries intérieures correspondent aux reconstructions de cette époque. Sous la Restauration, la chambre dite de « Madame » fut transformée en salon de compagnie et dotée d’un dessus de porte en papier peint. Plus récemment, le 15 Janvier 1990, divers éléments du château ont été inscrits aux Monuments Historiques par arrêté.

La Pachevie (Rouffiac), ©Archives Départementales [1960] (45 Fi 6287)
La Pachevie (Rouffiac), ©Archives Départementales [1960] (45 Fi 6287)

Sur la commune de Boisset, l’on comptait 4 châteaux : Conquans, La Carrière, Solignac et Entraygues.

Voici l’histoire du château de Conquans

A l’est de Boisset, situé entre deux ruisseaux, le hameau de Conquans jouit d’une situation surélevé. Jadis, la famille du même nom, originaire du village et de vieille noblesse implantée depuis « la nuit des temps » en Haute-Auvergne, habitait le château avec sa chapelle attenante. En effet, cette famille était « d’ancienne chevalerie » depuis l’ancêtre Guy De Conquans et occupait le château qu’elle avait fait construire en ces lieux en 1242 sur la paroisse actuelle de Boisset. Un certain Ginon de Conquans, damoiseau, y vivait en 1260. En 1317, noble Rigal de Conquans, héritier de noble Rigal de Murat, en était coseigneur avec le château de Toursac. Plus tard, en 1416, Antoine de Conquans était commandeur de l’ordre de Malte. Tout au long de son existence sur plusieurs générations, la famille de Conquans s’est distinguée par ses services militaires.

Et pour preuve et souvenir de cette noble famille, il y avait bien un château à Conquans ! Bien que disparu aujourd’hui, il a laissé comme seule trace de son existence sa tour, encore bien debout mais difficilement repérable… Bien que le bâtiment actuel n’ait plus aucune apparence de château, il faut faire abstraction de l’habitation crépie pour voir apparaître les restes de la tour en pierre, intégrée au reste. Il lui manque au moins 10 mètres de hauteur car il est dit que jadis, elle ressemblait comme une sœur à celle de Naucelles ou même à celle de Marzes, près de St-Cernin. Aujourd’hui, elle ne sert plus que d’appui à des murs d’habitation construits bien plus tardivement…

Tour de Conquans ©demeures-de-haute-auvergne.over-blog.com
Tour de Conquans ©demeures-de-haute-auvergne.over-blog.com

Le château de Réghaud sur la commune de Sénezergues date du XIIIe siècle et fait partie d’un réseau de fortifications établi dans tout le pays. Il était une importante demeure seigneuriale quand il fut ravagé par les Anglais. Il sera reconstruit vers 1440 par Archambaud de la Roque. Dès l’origine, il s’agissait d’un rectangle flanqué de quatre tours d’angles dont la plus grosse est aujourd’hui en partie écroulée. Les tours ont dû perdre leurs mâchicoulis et créneaux à la Révolution et les fossés ont été comblés mais il semblerait qu’il présente une silhouette proche de celle de jadis. L’allure imposante du château atteste également la grande importance de la seigneurie de Sénezergues, qui étendait ses droits de justice sur une vaste part du Veinazès et même jusqu’à Mourjou et Vieillevie. L’accès au château s’effectue par un escalier jusqu’à une porte surmontée d’un écusson portant trois rocs d’échiquier, timbré d’une couronne mutilée en encadré de palmes, datant probablement de la fin du XVIIe siècle. Partant de là, un escalier en vis dessert les étages. La partie inférieure des tours est voûtée en demi calotte sphérique. Le rez-de-chaussée du corps de logis est voûté sur croisée d’ogives.

Ce château doit son nom à son premier possesseur connu qui se nommait Réghaud. Chevalier, il fut le premier du nom. Par la suite, la famille Réghaud fidèle au parti catholique, périe pendant les Guerres de Religions. Le château a ensuite appartenu à la famille de Sénezergues.

Le monument, resté une demeure familiale privée, a été inscrit au titre des monuments historiques en 1931.

Château de Réghaud ©OT Châtaigneraie
Château de Réghaud ©OT Châtaigneraie

Tout comme à Boisset et dans tant d’autres communes en Châtaigneraie, il y avait autrefois 3 demeures seigneuriales à Mourjou (Puycapel) : Berbezou, Jalenques et Sadours.

Encore visible de nos jours, le château de Berbezou se trouve sur le bord de la route en descendant vers le village. Du bas-côté, on peut apercevoir près du ruisseau de Calvinet, une grosse tour carrée et crénelée adossée au corps de logis du château qui a été construit vraisemblablement au XVIe siècle. Berbezou était alors composé d’une deuxième tour ronde accolées aussi au corps de logis et disposait de quatre étages. Les appartements étaient voûtés, il y avait une petite chapelle et une terrasse régnait sur le jardin. Plusieurs seigneurs se sont succédés en ces murs : au commencement, il y eut la famille de Montjou dont Noble François de Montjou vivait en 1263; il possédait aussi la seigneurie de Cropières. Ces deux terres restèrent dans cette maison jusqu’en 1531 lorsqu’Anne de Montjou, héritière de sa famille, épousa Aymeric de Fontanges. Ensuite,  Noble de Ravel en fut le seigneur en 1630 puis Charles de Durfort posséda Barbezou en 1670. Il en fit d’ailleurs hommage au prince de Monaco. Un certain Marc-François de Scorailles a lui aussi été seigneur de Barbezou en 1720, tout comme Nicolas Henry, comte de Brieu, baron de Londres et seigneur du château en 1750.

Berbezou (Mourjou), ©Archives Départementales [1900-1920] (29 Fi 35)
Berbezou (Mourjou), ©Archives Départementales [1900-1920] (29 Fi 35)

Bien avant le château du Trioulou que l’on connaît, il y eut un premier fort sur lequel peu de renseignements nous sont parvenus…

Guillaume Escaffre était seigneur du Trioulou en 1274. Jean Escaffre fut bailli des montagnes pour le roi en 1366. Après lui, la seigneurie du Trioulou passa dans la maison de Canis jusqu’en 1406, époque où elle rentra dans celle d’Escaffre par le mariage de Bertrande de Canis, dame et héritière du Trioulou, avec Noble Begon d’Escaffre. Il semblerait que ce soit François d’Escaffre en 1504-1506 qui fit construire le château dont l’apparence nous est familière ; il habitait déjà le fort du Trioulou, qui, en 1484, si l’on en croît le Dictionnaire des Statistiques du Cantal, s’apparentait à une forteresse avec une enceinte défensive. En effet, il était assez grand pour contenir diverses habitations et mettre à l’abri sa population en cas d’attaque. Il y avait aussi 3 étangs au Trioulou. Cela représentait un symbole du pouvoir seigneurial, “les paysans les accusaient de provoquer des brouillards et de gêner la maturation des grains”. Le château du Trioulou a fait l’objet de ventes successives au fil des siècles jusqu’à la famille Garnier d’Aurillac. Encore aujourd’hui, le château dispose de quatre tours rondes avec toitures en poivrière, dont une tour très élevée que l’on peut apercevoir de loin.

Château du Trioulou ©OT Châtaigneraie
Château du Trioulou ©OT Châtaigneraie

Du fait de sa discrète implantation au creux de la vallée de l’Etze, le château de Vals situé sur la commune de St-Santin-Cantalès est peu connu.

Dans le volume VII consacré à l’Auvergne de Châteaux et Manoirs de France, écrit par l’architecte Jean de Montarnal, ce château du XVe siècle est décrit comme tel : “Le petit château de Vals est constitué par un rectangle irrégulier de trois étages, dont les façades sont empreintes d’une simplicité distinguée. Une grosse tour circulaire couronnée d’un chemin de ronde et de mâchicoulis flanque le centre de son élévation principale. Sa cour d’honneur, que ferme un porche crénelé, possède une petite chapelle sur l’emplacement de celle qui fut brûlée par les Huguenots. L’ensemble des bâtiments forme un groupe net et charmant. La seigneurie de Vals appartint à la maison de Tournemire, puis aux Dubois et aux Métiviers”.

“Au XVIIème siècle, les bâtiments fortement dégradés au cours des Guerres de Religion, furent remaniés par Jean Dubois qui opéra une complète réfection de la chapelle et décora la salle voûtée du 1er étage de peintures murales évoquant des motifs floraux ainsi que des scènes figurées. Le château fut racheté dans la première moitié du 19ème siècle par le géologue Jean-Baptiste Rames qui apporta à son tour de nouveaux aménagements à l’édifice abîmé par sa transformation en ferme”.

La totalité du château, y compris ses décors intérieurs ainsi que la tour de la chapelle, les communs et les terrasses, sont inscrits aux Monuments Historiques par arrêté du 2 Juillet 2010.

Château de Vals ©pop.culture.gouv.fr [12R007354]
Château de Vals ©pop.culture.gouv.fr [12R007354]