A cheval sur les communes de St-Etienne-Cantalès, St-Paul-des-Landes et Lacapelle-Viescamp, le marais du Cassan et de Prentegarde est aussi vieux que les volcans du Cantal. Aussi, ce très ancien milieu naturel et sensible nous offre aujourd’hui une mosaïque de paysages, de faune et de flore à découvrir, à mi-chemin entre zone humide, bocage et légendes… Et pour que nous ne nous perdions pas, c’est Finduilas, la petite fée libellule du marais qui nous accompagne en ces terres mystérieuses, délaissées et craintes des Hommes depuis la nuit des temps…
Sous la surveillance du SIVU (Syndicat Intercommunal à Vocation Unique Auze-Ouest-Cantal composé d’élus des 3 communes citées précédemment), le marais du Cassan s’étend sur environ 507 hectares à 550m d’altitude, entre Châtaigneraie Cantalienne et Pays d’Aurillac. Remarquable, il est géré par le Conservatoire d’Espaces Naturels et se retrouve classé au titre de “Site Natura 2000” et parmi les “ENS” (Espace Naturel Sensible) de France.
Irrigué par “le chevelu”, un ensemble de petits ruisseaux (Pont-bernard, Violon, Lacamp…) qui alimentent l’Auze (un affluent de la Cère), le relief du marais évolue au fil des saisons. Cuvette peu profonde mais imperméable, le marais se remplit ainsi plus ou moins d’eau. Étant l’un des plus vastes du département cantalien, c’est grâce à son sous-sol argileux que les nappes d’eau superficielles se forment, permettant la formation des zones marécageuses. En conséquence, le marais assure aussi la protection de la ressource en eau en jouant un rôle tant dans la qualité de l’eau (filtre) que la quantité (limitation des crues et atténuation des étiages) !
Saviez-vous que les Hommes se sont toujours tenus à l’écart du marais ? Si l’on en croit les noms de lieux des environs, tels que “Prentegarde”, “Passe-vite” ou “Avise-toi”, il valait mieux contourner le marais ou au pire, le traverser rapidement. La carte de Cassini, datant du XVIIIe siècle, montre d’ailleurs les contours bien nets de cette zone potentiellement hostile de par sa nature sauvage et mystérieuse… Peuplé de moustiques, le marais pouvait d’ailleurs se révéler dangereux pour qui tentait de s’y aventurer et gare à celui qui sortait du chemin tracé ! Les légendes d’antan racontent qu’il existe toujours des trous profonds susceptibles d’engloutir un homme égaré !
Connaissez-vous le Grand Basilic ? Il paraît aussi, que par temps de brouillard, ce serpent légendaire au regard mortel, sortirait du marais pour partir en quête de quelques âmes perdues !
En suivant Finduilas qui virevolte de branche en branche dans le marais, nous découvrons les différents milieux qu’abrite cette vaste étendue naturelle.
La tourbière tout d’abord. C’est la zone la plus archaïque du marais. Jamais exploitée par l’Homme car très humide, elle est constituée d’eau tout au long de l’année. Elle se compose de tourbe, c’est-à-dire d’une succession de couches de matières peu décomposées. D’ailleurs, les couches ancestrales de ce marais tourbeux pourraient avoir près de 12 000 ans et correspondraient à la fin de la dernière glaciation sur terre. On parle même de “roches végétales”.
Restons sur le sentier, direction ce que l’on appelle “la lande humide” à caractère atlantique. De nos jours éparse, elle devait jadis être beaucoup plus importante en terme de surface comme en témoigne encore le nom de la commune de St-Paul-des-Landes !
En effet, le marais du Cassan a évolué au fil des siècles compte tenu du développement de l’agriculture. Certaines parties de la zone humide ont été utilisées par les paysans, d’autres abandonnées lors de l’industrialisation. Ainsi les espaces les plus secs du marais, propice à la pousse de certains arbres, ont vu naître des chênes, des bouleaux et même des pins sylvestres ! Véritable réactions en chaîne, la présence de cette “forêt” a contribué à la grande diversité des espèces présentes dans le marais, offrant nids et abris aux oiseaux et petits mammifères.
Apercevez-vous Finduilas assise sur une touffe de molinie ? Offrant un paysage lacustre tacheté de rouille, cette plante en apparence sèche est aussi appelée “carabosse” puisqu’elle se développe sous forme de bosses. Pouvant s’adapter aussi bien à un sol très humide qu’à un sol asséché, on retrouve la molinie un peu partout dans le marais. On dit même qu’elle est pyrophyte en raison de la haute résistance de ses racines aux fortes températures en cas d’incendie !
C’est d’ailleurs la molinie qui permet à la bourdaine, au genêt, au bouleau et au pin de s’installer dans le marécage, grâce à sa faculté d’assécher les sols ; eux-mêmes précurseurs au développement de la forêt de chênes !
Côté flore, on trouve aussi la callune et la bruyère dans la lande du marais mais aussi la drosera et la spiranthe d’été ! Curieuse et carnivore, la drosera dont le nom signifie “rosée du soleil”, se voit affublée de feuilles parsemées de poils gluants et brillants rosés qui attirent et piègent les petits insectes ! Quant à la spiranthe d’été, c’est une orchidée sauvage blanche qui pousse et fleurie dans les prairies humides au mois de Juillet seulement. Très rare, le marais du Cassan est d’ailleurs son dernier refuge en Auvergne !
Côté faune, Finduilas en connaît un rayon !
Vous pourrez apercevoir entre-autres, le busard Saint-Martin (un rapace qui se protège avec ses congénères dans la lande à même le sol la nuit), le crapaud calamite et le crapaud accoucheur (un sympathique père-porteur qui garde précieusement ses oeufs), le tarier pâtre (un petit oiseau très chantant), l’agrion de mercure (de la famille des odonates, une magnifique libellule), la bécassine des marais (un des oiseaux migrateurs qui y fait halte pour se reposer et se nourrir), la loutre… Les reptiles ne sont pas en reste puisque qu’une dizaine d’espèces ont également été recensées dans le marais entre les lézards, les couleuvres et les vipères.
Il s’en passe aussi des choses dans la pinède ! Ce peuplement de pins, à la fois fragiles car élancés et sensibles au vent et à la neige, abrite aussi le faucon hobereau, le pic noir, la pipistrelle et le grand murin (chauve-souris), la martre des pins, le lucane cerf-volant…. Créant ainsi toute une fabuleuse dynamique naturelle !
Ainsi, animaux et plantes, dont certains sont des espèces protégées, font partie intégrante de la vie du marais et en constituent sa biodiversité !
L’azuré des mouillères est quant à lui un joli papillon qui virevolte au-dessus du marais au mois d’Août. En quête de reproduction et de ponte, les azurés cherchent la gentiane pneumonanthe bleue sur laquelle ils accrochent leurs œufs. Une fois éclos, les œufs donnent naissance aux chenilles du papillon qui se nourrissent de la plante. Recueillies par les fourmis grâce à l’émission de phéromones, elles devront attendre l’été suivant pour se transformer à leur tour en papillons !
La fée du marais nous répondra que non bien sûr !
Peut-être pas dompté mais aménagé au vu de ses 14 km de circuits de randonnée ! Si vous préférez la version courte et familiale, un parcours de 3km est également accessible sur caillebotis et grâce au livret adapté à ce sentier de découverte ! D’ailleurs, certains sentiers oubliés ont pu être réhabilités grâce aux soins apportés par le réseau du SIVU et les bénévoles responsables et sensibles à leur mission de sauvegarde du petit peuple du marais.
Sources : livret à 1€ vendu à l’Office de Tourisme “Le marais du Cassan et de Prentegarde, suivez Finduilas à la découverte du petit peuple du marais” du SIVU, “Cantal, 100 lieux pour les curieux” de M.Lafarge et C.Juge, www.saint-etienne-cantales.fr